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Hydraire des amarres (Pennaria disticha)

Photo © Arnaud Bedel

Pennaria disticha est une des espèces d’hydroïdes les plus communes aux Antilles, mais on la trouve dans toutes les mers tropicales à tempérées chaudes. Elle est signalée dans l’océan Indien, le Pacifique Est et Ouest, l’Atlantique Est et la Méditerranée (le spécimen type de l’espèce a d’ailleurs été récolté en baie de Naples).

Grandes colonies pennées à rameaux alternes

Hydrocaule (tige) solide, noirâtre, devenant incolore à l’extrémité

Polypes blancs, régulièrement espacés sur chaque branche

Plusieurs cercles de tentacules capités au-dessus d’une couronne de longs tentacules filiformes

Pennaria disticha s’installe sur tout support, en zone dégagée, où elle peut profiter d’une eau claire et renouvelée. On la trouvera sur substrat dur, mais aussi bien sur des éponges ou des ascidies, et elle peut former de gros «bouquets» de tiges sur tout élément fixe un peu dégagé du fond : corps-morts, pontons, cordages divers, éponges dressées, autres hydraires. Les herbiers ne lui conviennent pas, car probablement ils ne représentent pas un substrat suffisamment solide pour permettre l’ancrage de colonies aussi robustes.

On l’observe aussi bien tout près de la surface qu’à 40 m de profondeur.

Description

Colonies dressées, pennées, (jusqu’à une vingtaine de centimètres) se développant à partir d’un réseau de stolons rampants sur le substrat. La tige principale ou hydrocaule est dure et résistante, non ramifiée, de couleur noirâtre à la base et devenant progressivement transparente vers son extrémité. Cette tige est presque rectiligne, formant un très léger zigzag avec émission d’une branche latérale (hydroclade) à chaque angulation : ces branches se forment alternativement de chaque côté et dans un même plan. Elles sont grêles et assez espacées, avec un profil plutôt convexe (légèrement arquées vers leur extrémité). Les branches les plus longues sont celles du milieu de la colonie, s’amenuisant vers le sommet et souvent abîmées ou manquantes vers la base.

La tige et les branches sont couvertes d’un périsarc chitineux qui a tendance à agglomérer les menus débris en suspension, ce qui donne souvent un aspect «crasseux» aux colonies. Il faut regarder ces hydraires de près, et si possible à la loupe, pour découvrir la délicatesse de leur structure.

Les polypes (5 mm pour les plus grands) semblent «posés» à intervalles réguliers sur le côté supérieur des hydroclades, au bout d’un court pédoncule, ce qui leur donne un aspect de décoration de Noël. Le périsarc s’arrête juste en-dessous de l’hydranthe qui ne peut jamais se rétracter à l’intérieur, comme c’est le cas chez tous les Athécates ou Gymnoblastiques.

Les polypes sont allongés en forme de poire. Leur partie basale, la plus large, est entourée d’une couronne de longs tentacules filiformes.  C’est juste au-dessus de ces tentacules que bourgeonnent les gonophores en période de reproduction. Au-dessus de cette couronne, sur tout le corps de l’hydranthe, se trouvent de courts tentacules capités dispersés en cercles irréguliers. Cela donne un aspect de «pile d’assiettes» à cette partie du polype.

Alimentation

L’hydraire des amarres se nourrit de petites proies du zooplancton capturées dans l’eau par ses tentacules. Les polypes sont capables d’attraper de petits crustacés aussi gros, et même nettement plus gros qu’eux, parfois conjointement entre plusieurs hydranthes voisins (observation personnelle). Les longs tentacules ramènent la proie tout contre l’hypostome allongé où les tentacules capités finissent de la paralyser et de l’introduire dans la bouche.

La nourriture captée par un polype nourricier est ensuite distribuée à l’ensemble de la colonie, tous les polypes étant reliés par le coenosarc qui forme un réseau de tubes communicants entre eux.

Reproduction - Multiplication

Chaque colonie est soit mâle, soit femelle. Il n’y pas de polypes reproducteurs spécialisés.

Pendant les mois chauds, des bourgeons médusaires apparaissent directement sur les polypes, juste au-dessus de la couronne de tentacules aboraux filiformes. Ces bourgeons grossissent en donnant de petites anthoméduses typiques (eumédusoïdes) : en forme de cloche plus haute que large, avec quatre tentacules rudimentaires réduits à un simple renflement du bord de l’ombrelle, dépourvu d’ocelle et de statocyste. Les gonades sont situées sous l’ombrelle, à la surface du manubrium.

Ces anthoméduses peuvent ou non se détacher du polype et mener une courte vie planctonique, réduite à la seule fonction de reproduction. Il arrive même que les gamètes viennent à maturité et soient libérés dans l’eau alors que le bourgeon médusaire (gonophore) est toujours attaché au polype.

La fécondation a lieu en pleine eau, les larves (planula) ciliées iront se fixer sur le substrat et donneront une nouvelle colonie, soit mâle, soit femelle.

Divers biologie

La croissance de la colonie, en hauteur (allongement de l’hydrocaule) ou en largeur (allongement des hydroclades) se fait selon le même mode : les nouveaux polypes bourgeonnent à partir d’une zone de croissance située juste au-dessous du polype terminal.

En conséquence, le plus gros polype d’une branche est celui du bout, le plus âgé ensuite est situé à la base de la branche, le troisième par ordre de taille sera situé entre ces deux premiers, etc.  Ils sont donc rangés par ordre de taille décroissante de la base vers la pointe, sauf le tout dernier qui est toujours le plus âgé et le plus gros.

Ce mode de croissance (dit «monopodial à polype terminal») est assez répandu chez d’autres hydraires comme Eudendrium, Bougainvillia..., mais il est ici très facile à observer au vu de la taille des hydranthes.